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Sensibilisés, des hommes s’engagent pour la promotion de la femme !

29 Mai 2024 par aidprofen

Sensibilisés, des hommes s’engagent pour la promotion de la femme !

Dans les sites de déplacés au Nord-Kivu, les violences basées sur le genre persistent à cause du manque d’informations auprès d’un bon nombre des hommes qui perçoivent encore la femme comme un être inférieur. Faire comprendre l’égalité entre les genres, voici le combat acharné que mène l’organisation humanitaire « AIDPROFEN ». Cette organisation se félicite des changements observés dans ce domaine, ce qui justifie les progrès réalisés dans l’éducation de masse visant à promouvoir l’égalité entre les sexes et à réduire les violences basées sur le genre dans ce coin du pays où les effets des guerres se font sentir.

Alors incrédule, Jérôme Munguiko, faisait partie de ces hommes qui considéraient la femme comme un être inférieur à l’homme. Cependant, après avoir été sensibilisé, il a modifié ses perceptions et a adopté la conviction de l’égalité entre les deux genres. Il exprime ce changement dans ce témoignage :  « J’ai complètement changé ma façon de considérer la femme parce que j’ai compris que l’homme et la femme sont tous égaux en droit. Auparavant, je ne participais pas aux travaux ménagers. J’attendais tout de ma femme, même si elle était occupée à faire d’autres choses ou qu’elle était en mauvais état de santé. Il fallait toujours attendre sa disponibilité ou son rétablissement, même pour laver les enfants qui devaient aller à l’école. »

Ce témoignage illustre la transformation des attitudes et la prise de conscience de l’égalité des sexes par le biais de la sensibilisation. Dans le site des déplacés de Rusayo, dans le territoire de Nyiragongo, toujours Munguiko Jérôme, déjà homme converti et engagé que l’on appelle  actuellement : « homme ambassadeur de la masculinité positive », lui-même déplacé de guerre, partage son expérience avant d’avoir été sensibilisé à la masculinité positive en ces termes : « Je n’accordais aucun droit à ma femme du fait que je l’avais dotée. Elle n’avait aucun mot à dire lorsque je prenais les décisions. Cela était souvent à l’origine de nombreuses querelles dans notre foyer. Je considérais comme irresponsable tout homme qui impliquait sa femme dans la gestion économique et financière de sa famille ; cela me paraissait vraiment étrange. » Jérôme Munguiko se remémore tristement son passé avant sa conversion en homme ambassadeur de la masculinité positive, soulignant ainsi le changement profond dans sa perspective et son comportement suite à son engagement dans la promotion de la masculinité positive.

Pour arriver à les convaincre, l’approche mise en œuvre par « AIDPROFEN », (Actions et Initiatives de Développement pour la Protection de la Femme et de l’Enfant) est saluée par nombreux observateurs neutres.

Cette approche cible des groupes d’hommes désignés comme « hommes engagés » ou « hommes ambassadeurs » de la masculinité positive, lesquels se

mobilisent sur le terrain pour persuader d’autres hommes incrédules qui n’ont jamais adhéré à l’idée de l’égalité entre la femme et l’homme. Cette organisation, basée à Goma et relevant du Droit Congolais, mène des activités de promotion de la masculinité positive, principalement dans les milieux ruraux des territoires de Masisi et Nyiragongo.

Ces zones sont marquées par une perception persistante de la femme comme un bien appartenant à son mari, qui l’a dotée. L’engagement d’AIDPROFEN dans ces zones contribue à remettre en question ces normes sociales et à promouvoir une compréhension plus équitable des rôles entre les genres.

 La femme constate le changement

Bien avant les activités de sensibilisation, de nombreuses familles reconnaissent que les femmes n’étaient pas consultées pour résoudre n’importe quel problème en famille. Heureusement, après ces interventions, un changement positif est observé, avec certains hommes partageant désormais les tâches ménagères avec leurs épouses en les incluant dans la gestion financière et la prise de décision pour assurer la stabilité de leur foyer.

Certaines femmes comme Aisha Bisimwa, l’épouse de Monsieur Bruno, homme ambassadeur de la masculinité positive formé par AIDPROFEN  témoigne clairement de cette évolution, « Mon époux a changé ses comportements qui perturbaient notre couple, et aujourd’hui, nous faisons tous ensemble. Il commence à laver la vaisselle, changer la couche des enfants, voire puiser de l’eau quand je suis occupée autrement. » Elle se félicite également du fait que son mari prend en compte ses idées, et sa place dans le foyer est désormais reconnue et justifiée.

Cependant, dans les milieux ruraux en particulier, selon les hommes ambassadeurs, certaines personnes les perçoivent comme des hommes subordonnés à leurs femmes (des  féministes qualifiés), et parfois ils font l’objet de moqueries pour avoir accordé de l’importance aux droits des femmes. Malgré les progrès réalisés dans la compréhension des droits des femmes, surtout dans les milieux ruraux, Ennock Maisha, un jeune célibataire engagé de la localité de Mudja, toujours à Nyiragongo, constate que, «  les hommes commettent encore de nombreuses violences conjugales envers leurs épouses ou leurs filles, en raison d’un manque d’informations, mais aussi dans le souci de vouloir respecter les normes de leurs cultures coutumières. »

C’est pourquoi, Vira Kavughe Esther, la responsable de projet chez AIDPROFEN, explique la détermination de son organisation dans la promotion de la masculinité positive : « Face aux obstacles rencontrés par les hommes ambassadeurs de la masculinité positive, qui sont parfois perçus comme subordonnés ou moqués, nous reconnaissons la persistance des violences basées sur le genre dans les milieux ruraux et dans la ville de Goma au Nord-Kivu. Pour surmonter cela, AIDPROFEN poursuit la lutte en renforçant les activités de masculinité positive au sein de la communauté en vue du changement des comportements, tout en impliquant les femmes et les autorités locales. AIDPROFEN reste convaincu que la masculinité positive contribue à des foyers plus équilibrés et résilients. Malgré les défis persistants, notre organisation demeure déterminée à promouvoir des transformations sociales durables dans la zone. »

Cette jeune dame, juriste de formation et passionnée de la promotion des droits de la femme, témoigne fièrement que, « AIDPROFEN, avec son partenaire HCR, organise des séances psychoéducatives sur les rapports sociaux entre les femmes de 2020 à nos jours sur la masculinité positive et son importance dans les communautés congolaises. Heureusement, ces séances de formation portent des fruits, car un bon nombre d’hommes ont changé leurs perceptions sur la femme et la considèrent désormais comme un être égal. »

L’approche appréciée qui touche la cible

Pour AIDPROFEN, la masculinité positive est une approche qui reconnaît les hommes, les femmes, les filles et les garçons comme des êtres humains égaux. C’est ainsi qu’elle invite les hommes à participer à des sociétés égalitaires, inclusives et capables d’offrir les mêmes opportunités à tout le monde.

 

 

Afin de changer la perception des hommes qui croyaient que la femme était un être inférieur, AIDPROFEN identifie les hommes engagés dans la masculinité positive à travers des séances en focus groupes. Parmi ces hommes engagés, il y a  des hommes déplacés et des membres des communautés hôtes. Ces focus groupes analysent les perceptions des hommes sur l’égalité des genres, permettant d’identifier ceux qui sont sensibles à la question du genre et capables de promouvoir l’égalité homme-femme, s’engageant ainsi au niveau communautaire dans la promotion de la masculinité positive.

Ces hommes engagés organisent ensuite des séances psychoéducatives sur les rapports sociaux entre les hommes et les femmes, en mettant l’accent sur les bonnes pratiques de la masculinité positive. Heureusement, de nombreuses personnes de diverses catégories sociales commencent à considérer la femme de manière différente. Monsieur Bruno, déplacé dans le camp de Rusayo, se réjouit en indiquant que : « Nos séances de sensibilisation touchent toutes les couches de la population : les intellectuels, les analphabètes, les handicapés, les hommes mariés, ainsi que les célibataires, les jeunes et les personnes âgées. Bien qu’au début cela ait été difficile, ils étaient tout de même réceptifs à nos messages qui leur demandaient de ne plus considérer la femme comme inférieure. »

Mariam Kayuya et Adolphe Rafiki

 

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